La polémique sur Frédéric Mitterrand perdure

ARIS (Reuters) - La polémique sur le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, mis en cause pour un livre où il raconte une expérience de tourisme sexuel en Asie et pour une intervention dans un procès, s'est poursuivie durant tout le week-end.

En réponse, le neveu de l'ancien chef de l'Etat a brandi samedi la menace de poursuites judiciaires contre les personnes lui reprochant son soutien à deux jeunes gens jugés pour viol en mars à La Réunion.



Il a reçu le soutien dimanche du ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, et du fondateur du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, deux transfuges du Parti socialiste.

Eric Besson a critiqué le fait que le porte-parole du PS Benoît Hamon ait rejoint le Front national pour estimer que le seul fait d'avoir pratiqué le tourisme sexuel en Thaïlande, même en disant le condamner, était incompatible avec un poste au gouvernement.

"Voir Benoît Hamon, en une semaine, passer de porte-parole du PS à porte-parole de Marine Le Pen, c'est une régression redoutable", a dit sur Canal+ Eric Besson.

Jean-Luc Mélenchon est allé plus loin en disant le ministre de la Culture était victime de "ce système infâme qui s'appelle le pilori".

"On sort ça quatre ans après avec une citation truquée et aussitôt sort l'armée des jeteurs de pierres. Ca, c'est inacceptable", a dit sur Europe 1 Jean-Luc Mélenchon.

Le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, a de son côté refusé de se prononcer sur le cas Mitterrand. "Je ne suis pas son avocat, je ne suis pas son juge non plus", a-t-il dit sur Canal+.

EMBARRAS À DROITE

La majorité de droite a paru embarrassée par la polémique visant ce ministre qui, s'il n'a jamais été socialiste, n'est pas non plus issu de ses rangs.

L'intéressé s'est justifié de son passé de touriste sexuel assumé dans un livre paru en 2005, "La Mauvaise Vie", et exhumé par le Front national. Il déclare n'avoir eu de rapports qu'avec des majeurs et condamner le tourisme sexuel comme la pédophilie.

Cependant, l'affaire a été relancée par la publication par le Quotidien de la Réunion vendredi d'une lettre qu'il a envoyée en début d'année, lorsqu'il était directeur de la Villa Médicis à Rome, à un tribunal chargé de juger deux jeunes frères pour viol.

Dans cette lettre à l'en-tête de l'Académie de France à Rome, produite au procès par la défense, il précise que la famille des deux garçons, qu'il a dit connaître par son travail, était constituée de "personnes d'une parfaite moralité et fort honorables".

Il propose surtout de contribuer à leur réinsertion avec des stages de formation à la Villa Médicis. Samedi à Bordeaux, le ministre a dit avoir répondu à un "appel au secours" de la part de leur famille tout en reconnaissant que les "deux fils (avaient) fait une énorme connerie".

Il juge anormal qu'une telle démarche fasse l'objet d'une polémique.

Nommé il y a quatre mois au ministère de la Culture, Frédéric Mitterrand est dans la tourmente depuis son soutien appuyé au cinéaste Roman Polanski, arrêté fin septembre en Suisse à la demande de la justice américaine dans une affaire de viol sur mineure remontant à 1977.

Clément Guillou et Thierry Lévêque, édité par Jean-Loup Fiévet